LA VOLATILITÉ DES MARCHÉS REND LACTALIS PRUDENT
Lactalis veut accompagner les marchés internationaux porteurs mais toujours dans le souci d'évoluer en adéquation avec la demande. L'enjeu des prochaines années est de gérer la volatilité.
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Qu'est-ce qui empêche Lactalis d'accorder une hausse du prix de 25 €/1 000 l au deuxième trimestre, en plus de celle donnée par les indicateurs économiques pour l'année 2013 ?
Michel Nalet : Lactalis se positionne par rapport à la recommandation du médiateur, à savoir une hausse de 25 €/1 000 l en moyenne sur l'année. En plus du relèvement de 25 € au deuxième trimestre, notre annonce début août de + 40 € au troisième trimestre par rapport aux mêmes mois 2012 et de + 50 € au quatrième trimestre donne de la lisibilité aux producteurs jusqu'à la fin 2013. Cette hausse moyenne est un effort important. Elle n'est pas entièrement couverte par ce qui a été convenu avec la grande distribution dans le cadre de la médiation. Les hausses tarifaires de 0,02 à 0,03 €/l selon les produits portent sur sept douzièmes de l'année.
Vous parlez du marché français mais Lactalis exporte aussi dans les autres pays européens avec des GMS réputées plus réactives aux aléas du marché.
M. N. : La France tient une place majeure dans le groupe. Elle représente 25 % de son chiffre d'affaires en 2012 pour un tiers de sa collecte. De plus, si la concurrence entre GMS est plus exacerbée en France avec des tensions sur les tarifs, les marchés européens sont globalement difficiles cette année. Comment allons-nous aborder l'année 2014, c'est la vraie question aujourd'hui. Le prix du lait du début de l'année suivra la tendance 2013, voire sera peut-être un peu supérieur. Pour les entreprises, il faut que les tarifs soient revus en conséquence.
Lactalis suivra-t-il, comme en 2013, un objectif de prix du lait annuel ?
M. N. : Il est vrai que le système d'indicateurs économiques est complexe et ne donne pas une vision toujours claire sur l'année. Peut-être faudra-t-il réfléchir à appréhender autrement la fixation du prix. Néanmoins, en 2014, notre souhait est de reprendre l'application des indicateurs économiques, en évitant les effets boomerang que nous connaissons en 2013. Tout ceci sera évidemment discuté avec les organisations de producteurs (OP).
Que répondez-vous aux éleveurs qui s'inquiètent de la dégradation de la relation Lactalis-producteurs ces deux dernières années ?
M. N. : Nous n'avons jamais laissé des producteurs au bord de la route. C'est important à rappeler. De même, il faut rappeler que si la contractualisation et la création des OP se sont imposées aux producteurs, elles se sont aussi imposées à nous. Il nous faut continuer à construire cette relation. Nous n'avons pas de solutions toutes faites. Avec la suppression des quotas, le contexte économique change. Producteurs et industriels évoluent vers une relation commerciale dans laquelle chacun doit trouver sa place. Cela vaut aussi pour le syndicat majoritaire dans son accompagnement des OP. Le temps où nous discutions uniquement avec la FNPL est révolu.
De même, que répondez-vous aux producteurs qui souhaitent développer leur activité laitière après les quotas ?
M. N. : La conjoncture internationale est favorable. Elle profite à l'Union européenne et à la France, en particulier aux producteurs dynamiques. En revanche, annoncer un besoin de volumes de 20 à 25 %, par exemple, à l'horizon 2020 ne serait pas raisonnable. Nous avons bien conscience que ce n'est pas facile pour les producteurs. Le groupe Lactalis veut être présent sur tous les continents et sur tous les produits, ce qui, avec la volatilité des prix, rend son métier plus exigeant et plus complexe, toujours dans le souci d'évoluer en adéquation avec la demande. Soyons positifs. Le prix du lait 2013 est le meilleur de ces dernières années. Les marchés sont là et sous réserve qu'ils continuent sur cette tendance, Lactalis les accompagnera.
PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE HUE
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